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*** Lumière sur une artiste ***

Marie Bagi vous présente,

 Christina Willimann  

"Peintresse,

Artiste

plasticienne"

        

            Aujourd’hui je vous présente l’artiste plasticienne Christina Willimann que j’ai eu le plaisir de rencontrer autour d’un café où elle m’a présenté son travail. Je comprends dès les premiers instants que Christina a beaucoup à partager et que son travail artistique est le fruit de recherches liées à la vie dont le chemin l’a menée à étudier plusieurs aspects de la perception et de ces concepts la poussant à ne jamais abandonner ce qui l’a façonnée et dont elle porte l’empreinte dans chacune de ses œuvres.

Christina commence par me raconter ce qui l’a poussée à travailler sur ses « QR codes » qu’elle peint sur toile et qui sont ses œuvres les plus récentes afin de déconstruire son discours. En 2017, elle utilise des pixels à partir de vraies images qu’elle applique pixel par pixel. Cette idée lui est venue du flou que nous obtenons parfois en photographie car elle dit que « le flou aiguise le regard ». Elle va donc chercher ce décalage qui va l’amener à sa première série « Zoom ». Concernant le choix des images, elle se dirige vers ce qui lui parle le plus avec un côté esthétique prononcé. Elle me parle ainsi de son œuvre « Brexit », 2019, qui dirige vers une sorte de dissolution totale de l’image jusqu’à arriver aux monochromes. C’était la base de ses « QR codes ». Dans ces derniers, Christina peut cacher ses messages dont un qui renvoie sur son site internet, « Show me your code ». De cela, elle aimerait créer des labyrinthes qu’elle me montre sur son portfolio. Tout à fait fascinant ! J’espère qu’elle puisse réaliser ses œuvres qui peuvent être un moyen de plus de faire collaborer le public. Dans sa série « Lumière-Ombre », les ombres se projettent dans la toile comme une résonance sur la perception : « qu’est-ce que nous voyons ? », me dit-elle. Une envie, ajoute-elle, de dématérialiser l’œuvre en elle-même.

Tout cela vient de sa formation en webdesigner, continue-t-elle, ainsi que d’avoir travaillé en tant que graphiste à côté de son art. Elle commence alors des recherches afin de mêler ces deux disciplines. Elle travaille des monochromes et des collages tout en passant par une phase de questionnement. Inspirée par l’art abstrait, elle est fascinée, comme écrit plus haut, par le jeu de la perception mais aussi l’intuition émise dans les œuvres. Elle va également questionner les limites de l’abstraction où il est possible de déceler des choses et plus particulièrement, des ombres. Sans ces ombres, ajoute-elle, nous ne sommes rien. Elles nous permettent de savoir qui nous sommes et qui nous avons en face de soi. Nous partons ainsi dans une discussion philosophique sur cette thématique qui pourrait ne connaître aucune fin tellement elle amène de question. En soi, nous sommes constitués d’une ombre qui se reflète suivant où la lumière est placée et de savoir qu’elle est toujours nous procure la sensation d’exister. Christina se lance peu après dans les installations bien que son premier amour soit la peinture. Elle souhaite élargir son champ de recherche et cela passe par cette phase, également. Travaillant beaucoup avec l’ordinateur – en temps partagé avec la peinture, me dit-elle – elle commence des recherches et des réalisations qui la dirigent vers des images pixélisées, numériques. Ainsi le processus est amorcé.

Christina provient d’une famille de musiciens. Lorsqu’elle était enfant, elle s’occupait en dessinant et elle dessinait bien disait son entourage. A l’âge de quatorze ans, elle suit des cours avec une artiste dans son atelier. Elle lui a enseigné toutes les techniques artistiques en lui laissant des choix. La combinaison de jeunes avec des adultes est très conviviale et Christina appréciait les échanges qu’elle avait avec sa professeure. Elle a également réalisé un stage dans la création de décors théâtraux mais elle ne savait pas si elle pouvait gagner de l’argent avec ce métier. C’est pourquoi à dix-neuf ans, elle décide de faire une pause au moment où elle pratique « l’action painting » à la Jackson Pollock, me dit-elle, en riant. Née à Cologne, elle y a aussi grandi. Ayant réalisé des études dans l’administratif jusqu’à ses vingt-trois ans, elle n’a rien pu créer dans ce laps de temps. Cela lui a manqué terriblement et l’a rattrapé car elle sentit le besoin de nourrir son âme à nouveau. Sa première exposition a eu lieu dans un restaurant mais cela n’a pas été suffisant. Christina est une artiste autodidacte et aussi très ambitieuse, me dit-elle, en riant. Lorsque nous sommes autodidactes, a-t-elle ajouté, tout prend plus de temps et bien évidemment, il faut gagner en crédibilité. Elle a obtenu sa première exposition le 13 octobre dernier et cela a été un franc succès. Dans cette exposition se trouvaient ses « QR codes » où elle avait caché des mots mnémotechniques. Il y a toujours quelque chose de caché dans ces œuvres et c’est pourquoi il est intéressant de faire participer le public à ses interprétations. Décrypter le visible avec un moyen technologique crée le contact avec le tableau, ajoute-elle. Surtout que de nos jours, tout le monde utilise un téléphone portable doté d’une application décryptant les « QR codes ». Christina possède un intérêt particulier pour le conceptuel, la minimisation ainsi que le jeu de l’interprétation et c’est ce qui fait qu’elle est animée par la volonté profonde d’être dans le contemporain.

Mariée et mère de trois enfants, Christina est également professeure d’art visuel et d’allemand à 35% dans une école privée. Elle trouve ce travail inspirant et rassurant. Malgré une phase de vide ou d’essoufflement, elle possède toujours cette rage de créer. Elle a, ajoute-elle en riant, ce côté rock/punk de l’art où se retrouve une certaine esthétique de création, un équilibre. Elle souhaite titiller les consciences et bousculer afin de réinterpréter les éléments environnants du monde. La création ne doit pas devenir lourde. Christina pense aujourd’hui à cet aspect visuel que peut donner une œuvre et non son aspect textural. La frustration est parfois au rendez-vous mais elle sait que si elle n’arrête pas de créer, c’est parce que cela fait partie d’elle, de sa vie. Elle est reconnaissante pour cela et me dit que c’est la cerise sur le gâteau. De plus, les échanges l’aident à se nourrir pour la création ce qui rend riche la vie dans tout ce qu’elle représente.

 

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Autrice : Marie Bagi, docteure en Histoire de l’art contemporain et Philosophie

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Publié le 14 mars 2022

 

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