top of page

Lumière sur une artiste

Marie Bagi vous présente,

 Claudia Besson 

"Artiste"

Aujourd’hui je vous présente l’artiste Claudia Besson. Nous nous sommes rencontrées juste avant Noël autour d’une boisson chaude au Café Grancy. Elle me raconte une histoire, son histoire, qui me touche non seulement pour les faits évoqués mais aussi par la manière qu’elle a de la transmettre. C’est sans aucun doute que l’artiste, qui se tient devant moi, me fait rentrer dans son univers dont l’intime se transmet avec le cœur.

​

Claudia me confie que depuis l’enfance, elle a toujours dessiné ou bricolé. Elle a toujours été attirée par l’esthétisme mais elle n’a jamais vraiment eu d’espace à proprement parlé pour sa création. De plus, elle a dû mettre en pause sa création pendant quelque temps avant de s’y consacrer pleinement.

 

A l’époque, elle aurait souhaité se diriger vers une carrière de styliste ou de décoratrice d’intérieur, un métier avec lequel elle pourrait utiliser ses mains. Elle se dirige, à son grand damne, sur la voie d’employée de commerce. Ses parents, restaurateurs à Payerne, la soutiennent dans tout ce qu’elle a entrepris et entreprends. Puis, elle va travailler à Verbier et à Nendaz en tant que saisonnière dans le tourisme et la restauration mais aussi comme « chalet manager » où elle s’adapte rapidement à ce mode de vie. Entre-temps, elle réalise des voyages qui vont la transformer de l’intérieur.

 

Elle sent qu’elle a des énergies à canaliser. A nouveau, me dit-elle, elle ressent le besoin de toucher quelque chose telle que la matière pour qu’il y ait une sorte de mise en place de ses émotions jusqu’ici contenues. Le non-sens l’amène alors à un sens réel des choses autour d’elle et cela la perturbe beaucoup. Elle a enseigné durant huit ans le yoga, c’était aussi un moyen de canaliser ces énergies mais toujours, la sensation de devoir créer restait là, sans être exploré. 

​

Lors d’un dimanche pluvieux, ce fut la révélation. Elle rencontre une dame peintre, qui lui tendit un flyer pour une exposition de peinture où elle expose, non loin d’où elles se trouvaient. Elle décide alors de s’y rendre. Une fois à l’intérieur de l’exposition, c’est l’émotion qui s’empare d’elle et elle se met à pleurer. Elle avait le sentiment de connaître cette dame et décide de prendre des cours avec elle trois semaines après à Villars-sur-Glâne. Dans le groupe, elles ne sont que des femmes, plus âgées qu’elle. C’était en 2016. 

​

Elle me dit que dès le commencement de ses cours, c’est très clair : elle aborde la peinture avec le cœur. Elle me parle ainsi de peinture du ressenti et c’est ce qui la pousserait aujourd’hui à donner des cours. Lorsqu’elle peint, Claudia me confie qu’elle crée une relation avec sa toile. C’est comme si, cette dernière lui dictait ce qu’elle devait faire. Elle travaille essentiellement avec les doigts car elle se sent ainsi plus proche de son médium. Elle a la sensation de ne faire qu’un avec celui-ci. Elle souhaite amener les gens dans cet univers car tout le monde n’est pas sensible à cela. Il faut d’ailleurs le vivre pour le savoir ; pénétrer dans la dynamique du tableau transmet un ressenti qui est inégalé pour l’artiste.

 

Elle peut tourner le tableau durant le processus créatif et ainsi présenter une tout autre perception du sujet. Elle va jouer avec l’harmonie des couleurs afin d’être en symbiose avec sa toile. Autodidacte, elle me confie vouloir passer à la sculpture pour continuer d’explorer cette sensation du toucher de la matière. Ses toiles sont principalement élaborées avec de la peinture à l’eau et à l’huile. Elle insiste sur cette notion de peinture « intuitive » qui la fait vivre au gré de la création. Le collage intuitif est également un moyen pour Claudia de traduire ses émotions et de les canaliser. Elle réalise sa première exposition en 2018 à côté de Payerne où elle présente des toiles dont la couleur bleue prédomine. Elle me dit alors qu’il s’agissait d’un « feeling » du moment. Cela n’est pas évident pour elle de trouver des titres, me dit-elle, et aussi de mettre les toiles ensemble. C’est quelque chose qu’elle doit apprendre et sa professeure de peinture la guide également en ce sens. Vu qu’il s’agit de peinture intuitive, l’organisation qui se fait autour n’est pas une évidence pour elle. Elle a mis un temps considérable à accepter la création qui est présente à chaque instant dans sa vie, telle une évidence. Lorsqu’elle crée, elle va se connecter à l’esprit du lieu dans lequel elle va réaliser son œuvre car, me dit-elle, chaque lieu possède son gardien et qu’il faut s’adapter à la dynamique. Cela bien évidemment reste subjectif mais lorsque la création est au rendez-vous et qu’un lieu de production n’est pas fixe, il faut s’imprégner de l’endroit qui l’entoure afin de se mettre dans des conditions de création propices à ce que l’artiste souhaite exécuter. 

​

Concernant les commandes privées, elle en réalise d’après les thèmes demandés et se laisse guider par l’instinct. La commande, continue-t-elle, va aussi prendre en considération la vibration de la personne afin de pouvoir exécuter une œuvre personnelle. La couleur choisie va s’adapter en fonction de l’âme mais aussi de l’énergie que la personne commanditaire transmet. Un côté un peu magique vient alors se greffer dans la toile telle une performance qui plonge les commanditaires dans ce processus. Avec l’un de ses amis géologue, elle travaille à plusieurs concepts que nous retrouvons dans son travail. L’énergie terrestre ressentie et avec laquelle elle se sent connectée va la mener à un certain résultat intuitif. De la même façon, étant connectée à sa toile, elle va élever son bras au-dessus du travail terminé et va se laisser guider par le ressenti pour déterminer son prix, par exemple. Certaines personnes ne peuvent pas acheter de l’art et elle n’est pas adepte de devoir les faire renoncer à l’une de ses œuvres – si c’est ce qu’ils souhaitent. C’est aussi un moyen de s’immerger dans sa toile qui veut transmettre la joie. La sensation éprouvée est là, elle prend vie et se matérialise dans la toile.

 

 

 

Auteure : Marie Bagi, docteure en Histoire de l’art contemporain et Philosophie

 

Publié le 8 février 2021

bottom of page