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*** Lumière sur une artiste ***

Marie Bagi vous présente,

 Katia Bornoz 

"Peintresse"

                   Aujourd’hui je vous présente l’artiste Katia Bornoz que j’ai eu le plaisir de rencontrer au Café de Grancy à Lausanne. Dès le début de notre rencontre, Katia semble se livrer sans difficulté sur ce qui l’anime et son chemin vers la peinture qui, indéniablement, est venu s’ajouter à la danse, médium de son cœur. Rencontre. 

Katia est née et a grandi à Lausanne. Sa mère est d’origine alsacienne et son père, vénitienne. Elle est maman de deux fils. Danseuse classique, elle commence ses cours à l’âge de cinq ans chez Simone Sutter. Avec une jambe en dedans au début, c’était tout une aventure, me dit-elle en riant. Elle se forme ensuite à Zürich mais aussi à Paris avant de trouver un emploi de danseuse au Grand Théâtre de Dijon. C’est, me dit-elle, une réelle passion mais aussi un exutoire. Lorsqu’elle a vingt ans, ses parents divorcent et son père refuse de les voir son frère et elle. Elle n’a donc pas revu sa famille paternelle depuis. C’est là que la danse a joué un rôle davantage puissant. Elle était là afin que Katia puisse dépasser ses émotions. Elle a dansé professionnellement durant dix ans avant d’avoir une blessure au genou gauche à la veille de ses trente ans. Il a donc fallu qu’elle se réinvente et cela n’a pas été facile.

Son parcours se poursuit au sein du groupe du Swatch afin de lancer la fameuse Flick Flack et la placer sur le marché suisse. Elle est restée six ans dans l’entreprise jusqu’à la naissance de son premier fils. Elle devient mère au foyer, tout en restant curieuse et passionnée par l’art, ajoute-t-elle. De toute façon, lui dis-je, mère au foyer est un véritable métier mais la société ne le reconnait pas. Durant cette période, elle suit une formation, en cours du soir, pendant trois ans, de décoration d’intérieure et obtient son brevet. En parallèle, elle apprend à réaliser des meubles patinés avec des pigments et des liants. A la suite de ces formations, elle crée sa propre entreprise « Rêves d’intérieurs » qui existe depuis dix ans maintenant. Aujourd’hui, Katia ne réalise plus de meubles car la peinture a pris une place beaucoup plus importante. Elle a changé de médium mais la technique reste la même, ajoute-t-elle. Elle collectionne d’ailleurs les pigments et a suivi quelques stages pour en arriver là où elle est maintenant. Elle a suivi des cours chez Jacques Walter qui lui avait loué son atelier durant un temps.

Cela fait trois ans que Katia peint activement, me dit-elle. Depuis juin dernier, elle possède un atelier à Pully – que j’ai eu la chance de visiter. C’est là qu’elle fait l’expérience de diverses techniques et de ce qui l’inspire. Elle me dit qu’il fallait qu’elle trouve sa « propre écriture ». Elle commence ses toiles, toujours à plat avec de grands mouvements. Puis, elle les met à la verticale afin de créer des mouvements organiques. L’atelier est un endroit où elle peut s’exprimer au travers de la peinture mais aussi retrouver ses racines : utiliser le mouvement de la danse, du corps qu’elle matérialise au moyen du pinceau. Dans la vie, poursuit-elle, la première chose qui l’anime, c’est le mouvement. Ce dernier, elle le retrouve dans la peinture. Le lâcher-prise est essentiel car elle se laisse guider par le pinceau. C’est très spontané. Puis, elle entre à nouveau dans la toile afin de rajouter un point de couleur soit au crayon de couleur, à l’encre de chine, acrylique et pigments. Elle aime beaucoup jouer avec l’intensité du pigment, ajoute-t-elle. Elle me donne ainsi l’exemple du pigment « Terre de vigne » qu’elle apprécie particulièrement. En soi, nous comprenons que la danse fait encore réellement partie de la vie de l’artiste. De plus, elle ajoute que cette dernière est aussi présente pour elle dans les spectacles qu’elle va voir ici en Suisse ou à l’étranger mais aussi dans le yoga qu’elle pratique régulièrement.

Katia aime être dans l’action. Cela lui procure un certain apaisement mais aussi une renaissance artistique à chaque toile. La discipline, le travail, la persévérance sont les clés pour atteindre une forme de lâcher prise. Imaginer et s’égarer font partir de son vocabulaire au quotidien. A nouveau, elle retrouve ce qu’elle avait connu dans la danse, comme énoncé plus haut. C’est comme si elle revivait d’être sur scène lorsqu’elle peint car, elle le fait en musique. C’est prenant émotionnellement et la peinture est devenue une nécessité consciente. Dans son travail de recherche s’ajoute également le dessin et l’expression des corps sur la toile. Elle fait partie d’une première exposition collective avec Espace Artistes Femmes « Celebrating Women Artists », sa toute première exposition mais n’a encore vendu de toiles – cela ne serait tarder. Elle me dit que ce n’est pas évident de s’exposer avec son nom et que ce n’est pas un chemin anodin car c’est une affirmation de ce que nous faisons. La légitimité est alors un mot qui la taraude et pourtant, Katia est sur le juste chemin, celui de « la danse de la vie » qu’elle sait, avec talent, représenter.

 

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Autrice : Marie Bagi, docteure en Histoire de l’art contemporain et Philosophie

 

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Publié le 18 février 2023

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