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Lumière sur une artiste

Marie Bagi vous présente,

 Rita Mancesti 

"Peintresse"

Aujourd’hui je vous présente l’artiste peintre Rita Mancesti. Nous nous sommes rencontrées au charmant restaurant le Bleu lézard après avoir dialogué sur les réseaux sociaux. Je découvre alors une personnalité très intéressante qui va me faire comprendre l’importance de l’art dans sa vie et quel rôle il joue depuis l’enfance. 

            

Rita, genevoise d’origine, s’est installée à Coppet où elle possède depuis peu un nouvel atelier – que je me réjouis de découvrir bientôt d’ailleurs – où elle accueillera bientôt du public pour organiser, notamment, des ateliers de peinture – ce que je souhaiterais également qu’elle fasse à l’Espace lorsque son œuvre y sera exposée. Elle me dit qu’elle souhaite créer un endroit « ouvert », comme en plein air rappelé par une moquette style gazon, où le public peut se mettre à la place d’un peintre le temps d’un instant, debout devant un grand chevalet. Rita souhaite créer une exposition de son travail sur différents thèmes six fois par an et ainsi faire découvrir la diversité de son travail.

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Durant son enfance, Rita a pratiqué et a participé à de nombreux concours de dessin notamment pour Caran d’Ache. Elle continue en disant qu’elle est presque née avec un crayon de couleur dans les mains. Elle aime d’ailleurs la couleur et tend à se démarquer par cette dernière et par son tracé précis. A l’adolescence, souhaitant se consacrer pleinement à la peinture, elle décide de vendre son accordéon et ainsi, réalise sa première exposition à dix-sept ans. Elle travaille d’après ses propres photographies.

Ayant toujours été très portée par la peinture réaliste et impressionniste, elle souhaiterait pouvoir s’inscrire dans un mouvement qui regroupe les « peintres du Léman ». Rita aime également pouvoir représenter, dans ses toiles, ses récits de voyages réalisés vécus en famille et qu’elle a intitulé « Tranches de Ville ». Des commandes privées lui sont aussi demandées et lui permettent de transmettre dans une œuvre, la vie de ses commanditaires : un souvenir alors inestimable aux yeux de ces derniers. En soi, précise Rita, l’art déclenche des émotions et devient ainsi un projet de vie dont les tableaux constituent un héritage familial. Rita continue en me disant que la peinture est une passion et non une thérapie ; celle-ci lui permet de sublimer ses tracas. Pendant quinze ans, elle fut mère au foyer avec deux enfants et a toujours été libre de créer. Lorsque ses enfants étaient petits et qu’ils faisaient la sieste, c’était pour elle le moment propice à la création picturale ; une véritable fabrique spirituelle, selon elle, et cela lui a procuré un équilibre. En général, elle crée trois ou quatre tableaux simultanément. L’évolution des toiles lui procure beaucoup de satisfaction. Avec trente ans d’exposition en galerie, me dit-elle, elle souhaite revenir à un peu de discrétion. Rita continue en me disant qu’être artiste relève d’une véritable remise en question de soi dont le moral ne suit pas toujours. Cela fait partie d’elle et a appris à se forger au travers de ses émotions qui la submergent. Ces derniers sont élaborés sur la toile, au moyen la technique à l’huile, et laissent à l’artiste la sensation qu’un poids lui a été enlevé. Le besoin de création est alors visible et permet à l’artiste non seulement de se décharger mais aussi de créer des œuvres dont le processus est expliqué par l’intime direct ou non, retrouvé dans son œuvre. 

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L’expression de ses émotions se fait également par l’utilisation de la lumière qui tient l’une des places majeures dans ses compositions puisqu’elle puise son inspiration en elle. Cette dernière vient alors sublimer ses toiles et mettre l’accent sur le sujet représenté. Reliés à son quotidien, les sujets sont forts et riches en production et en émotion. Fascinée par les escargots depuis ses sept ans, il va devenir son animal totem qui n’aura de cesse d’être représenté dans son quotidien. Cette fascination lui vient de séjours passés chez ses grands-parents dans les Grisons. En effet, elle y avait découvert cet animal et fut tellement subjuguée par lui qu’elle organisait des courses entre plusieurs de sa race, des chasses, elle allait les chercher même dans les murs, et enfin des petits élevages réalisés en cachette. Cette période fut l’une des plus heureuses de sa vie et depuis lors, l’animal n’avait jamais quitté son esprit, son être. A tel point qu’elle s’était mise à le dessiner. A partir de cela, c’était devenu un automatisme même lorsqu’elle est au téléphone, ajoute-t-elle en riant. La coquille se forme sous son tracé et devient une petite surface de protection rassurante et marque un mouvement de tourbillon, comme à l’infini. Elle a d’ailleurs fait éditer un livre rétrospectif sur sa vie et son œuvre – de 1984 à 2013 – avec de magnifiques témoignages intitulé « Coquille de lumière ». Un titre très subjectif quant à la lumière et à l’escargot. Deux éléments importants de son œuvre que nous n’aurons de cesse de retrouver dans ses toiles et qui montrent leurs importances quant à la multitude de fois où ils sont représentés.  

            

En soi, la puissance de son tracé net est le témoignage d’un talent qui se doit d’être connu voire reconnu. Cette dernière permet au public d’être face à une image concrète qui s’explique grâce à la rigueur et la ténacité de Rita qui a beaucoup à partager et à offrir.  

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Auteure : Marie Bagi, docteure en Histoire de l’art contemporain et Philosophie  

 

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Publié le 4 janvier 2021

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