top of page

*** Lumière sur une artiste ***

Marie Bagi vous présente,

 Stephanie Hottelier Arrowood 

"Artiste visuelle"

                       Aujourd’hui je vous présente l’artiste Stephanie Hottelier Arrowood que j’ai eu le plaisir de rencontrer au Café de Grancy à Lausanne. D’origine américaine, d’Asheville en Caroline du Nord, une ville d’artiste, elle ma raconte son parcours d’artiste et la difficulté de s’insérer lorsque nous possédons des diplômes étrangers. Une âme véritable artiste qui sait transformer ce qu’elle observe avec la nature au centre de sa réflexion.

C’était dans les Appalaches de son État natal que Stephanie aimait se balader avec cette merveilleuse nature environnante dont ses montagnes lorsqu’elle était enfant, me dit-elle. Elle ajoute que lors de ses balades elle avait toujours quelque chose dans les mains, soit son carnet pour faire des dessins ou alors son appareil photographique pour réaliser des clichés. Son père est photographe, c’est donc lui qui lui a transmis cette passion pour la photographie. Sa mère est aquarelliste mais n’a malheureusement pas pu en faire son métier pour des raisons financières. Elle n’a pas de sœur, ni de frère, et passe son temps à dessiner. A l’âge de dix ans, Stephanie réalise un concours d’État en art et au gymnase, elle choisit l’option art. Son professeur d’arts visuels l’a suivie et assistée dans tout ce qu’elle réalisait alors. Cela lui a permis de devenir son « assistante » pour des projets externes à l’école, comme par exemple des ateliers pour adultes. C’était très valorisant, me dit-elle, et cela lui a donné le goût d’en faire davantage. Durant ces années-là, elle gagne un prix avec une œuvre en céramique mais, pour des raisons qui lui sont propres, elle ne peut pas se rendre à l’exposition à New York. C’est la période où elle expérimente le collage aussi. A la fin de son gymnase, elle gagne un prix artistique. C’est une évidence pour elle alors que de poursuivre dans cette voie qui est la sienne. Mais ses parents la mettent, tout de même, en garde. Elle choisit donc de faire un double Bachelor aux Beaux-Arts avec un bagage en histoire de l’art et en anglais, et une spécialisation en théâtre. Ainsi, au cas où, elle pourrait enseigner l’anglais. Pendant ses quatre ans à l’université, elle étudie la gravure comme médium de base ainsi que le dessin. Elle va rechercher la fluidité du mouvement mais aussi la ligne qui sont récurrentes dans son travail artistique. Un de ses professeurs lui demandera de réaliser une œuvre par semaine où il sera question de se réadapter avec la ligne d’une fois à l’autre afin d’attirer l’œil avec la ligne la plus importante. C’est essentiel, me dit-elle, et présent partout. Elle le fait sans y penser, c’est intuitif. Toujours durant son Bachelor à la Queens University de Charlotte, Caroline du Nord, Etats-Unis, elle est obligée de réaliser un stage qui soit en lien avec ce qu’elle étudie, me dit-elle. Elle a donc fait un stage de deux mois dans un centre de thérapie d’art pour personnes handicapées. A cette occasion, elle a pu donner quelques cours à un groupe et suivre une personne pour ses projets artistiques individuels. Les œuvres de ces artistes étaient alors exposées et vendues afin que ces derniers en reçoivent les bénéfices. Une expérience, ajoute-t-elle, riche qui lui a permis de suivre un artiste et ses œuvres mais aussi de voir une magnifique liberté d’expression se dessiner malgré les limitations langagières. La troisième année de ses études est marquée par un séjour en Australie où elle étudie l’art aborigène qui est riche et alors peu connu. Elle crée, sur place, un lien incroyable avec la nature. Les couleurs y sont magnifiques. C’est d’ailleurs là qu’elle rencontre son mari qui est suisse. A la fin de ses études, elle décide de partir vivre en Suisse. Elle se met alors à l’apprentissage du français et se renseigne sur le système de l’art. C’est avec Pierre Keller qu’elle aura contact et avec qui elle fera un entretien à l’ECAL pour un éventuel master. Elle n’a pas un bon sentiment lors de l’entretien. Pourtant elle est acceptée mais à la condition de refaire son portfolio. C’est un choc qui engendre une remise en question. Elle décide alors de ne pas y entrer. Pourquoi le parcours des artistes venant de l’étranger est sans cesse remis en question ? C’est une question à laquelle je n’ai trouvé que cette réponse : car elle/il ne rentre pas dans le moule, n’est pas formaté. C’est triste car tout.x.e artiste véritable mérite d’être considéré.x.e. Cela fait mal lorsque j’entends un tel discours. Stephanie, continue-t-elle, souhaite rester authentique et de pas réaliser des œuvres « pour » quelqu’un. Elle s’inscrit alors à la Haute École Pédagogique de Lausanne pour un master de deux ans en littérature anglaise dont le sujet touche l’environnement et les femmes. Elle choisit de travailler sur trois femmes amérindiennes. Elle obtient un stage à Aubonne et finira par y rester en tant qu’enseignante à la fin de son cursus. C’est un peu loin de ce qu’elle avait imaginé mais cela lui permet de continuer de créer. En 2009-2010, elle suit un stage de lithographie afin d’en apprendre la technique.

Stephanie est maman d’un petit garçon de vingt-trois mois. Elle me confie avoir fait une fausse-couche avant lui et, enceinte de son petit garçon, pendant la première vague de covid, elle devait rester à la maison et il est difficile pour elle de travailler avec la peinture à l’huile, elle a donc beaucoup travaillé avec l’acrylique et l’aquarelle. Elle a réalisé une série intitulée « The Mountains that Move Me » qu’elle a exposée durant trois mois à Aubonne. Cette série fait référence aux montagnes qui la suivent et qui sont sa source d’encrage malgré le fait qu’elle soit partie en Suisse. Vingt-quatre œuvres font parties de cette série. Elle y ajoute la calligraphie afin de donner un mouvement plus important à ses montagnes qui, me dit-elle, ne sont jamais figées. Cela donne plus de fluidité et elle laisse également des traces subtiles qui donnent un autre aspect à l’œuvre. Cette exposition a connu un succès certain puisque Stephanie a pu vendre neuf toiles. C’est parfois difficile, me dit-elle, mais cela reste un accomplissement. Dans une nouvelle série, elle travaille encore sur les montagnes mais axe ce sujet sur les femmes et la nature. C’est en cours d’élaboration, me dit-elle. Cette dernière est plus abstraite que la précédente qui se voyait plus « expressionniste ». Plus jeune, elle a réalisé une série sur les stéréotypes féminins. La question du féminin lui tient à cœur depuis de nombreuses années. Dans une autre série, cette fois de gravure, « In Flight », elle mélange gravure et dessin pour donner le ton du mouvement à ses oiseaux défigurés. Cette dernière fait référence à un souvenir d’enfance, lorsqu’elle avait huit ou dix ans, et qu’elle aurait dit à ses parents qu’un jour, elle vivrait loin.

Lorsqu’elle ne peut pas créer, Stephanie se sent éteinte. Elle possède cet esprit créatif depuis l’enfance et donc, si elle ne peut pas créer, il manque quelque chose à sa vie. Ses débuts en Suisse marquent ce manque car elle ne pouvait pas créer facilement étant absorbée par le français et autres. C’est pourquoi, aujourd’hui, elle peut s’adonner à son travail artistique dans son atelier de la Côte et laisser libre court à sa création qu’elle considère vitale. Ayant hérité d’un bagage artistique fort, elle sait que l’art fait partie de son ADN. Il suffit de contempler son œuvre pour être absorbé.x.es dans son univers dont la nature est la clé. Un talent inné qui lui vaudra l’ouverture du monde de l’art prochainement.

 

​

Autrice : Marie Bagi, docteure en Histoire de l’art contemporain et Philosophie

 

​

Publié le 9 janvier 2023

​

​

bottom of page